Parce qu’à force de prolifération, les images ont aujourd’hui perdu de leur aspérité, devenues aussi lisses que l’espace virtuel de leur diffusion, Léo Dorfner en propose une lecture punk qui dérange les interprétations trop chastes. Sa réappropriation des représentations médiatiques, des icônes publicitaires, des bribes du quotidien et des mèmes visuels dessine une mythologie rock du contemporain aussi incrédule qu’indisciplinée.
Worlds collide in the work of Léo Dorfner; we see high art, mythology and popular media combine to create an azure-inked cacophony of cultures. Dorfner, a Parisian native, was educated at the École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris and has shown in France, Germany and (just to keep things eclectic) South Korea.
Aussi bien inspiré par la culture populaire que par la culture savante, le spectre de ses sources iconographiques s’étend de l’art religieux à la mythologie en passant par les cartoons et le cinéma d’auteur. L’artiste voue par ailleurs un véritable culte à l’esthétique rock, influence qui transparait dans l’ensemble de ses travaux.
Ce qui frappe dans le travail de Léo Dorfner, ce sont les références à la culture rock et mainstream. Mais l’œuvre protéiforme de Léo Dorfner est bien plus que cela. Elle révèle un véritable goût de l’artiste pour la sémiotique et la symbolique.
Les signes, pictogrammes et symboles sont autant d’éléments qui jalonnent la démarche de l’artiste. Ce jeu de citations et de références à la culture populaire est un véritable fil rouge. Il favorise une lecture diachronique de l’œuvre et met en place une certaine violence.
La disparition désigne tout à la fois à la fois une action, celle de disparaître, de ne plus être visible, perceptible au regard, voire de s’en aller, de s’effacer, de s’absenter de la vie et du réel, et la conséquence ultime de cette action : la dégradation inexorable des êtres et des choses, leur perte inéluctable, ce qui demeure, que nous le voulions ou non, la nature même de toute vie. Aussi, dans l’inconscient collectif, si la disparition renvoie tout d’abord l’impermanence des destinées humaines, elle contredit également tout rêve ou espoir d’éternité. Léo Dorfner, dans son œuvre, s’en est fait souvent l’écho, en particulier à travers ces figures qu’il tatoue de multiples mots, signes et marques, jusqu’à ce que la peau du papier disparaisse sous ce tissu exacerbé de marques identitaires qui se voudraient éternelles : désigner pour mieux dissimuler, montrer pour mieux se dérober, dévoiler pour mieux se voiler, points de bascule hautement symboliques et émotionnels.
L’œuvre sensible et sensuelle de Léo Dorfner, artiste français, investit l’histoire comme lieu de plaisir en la sursignifiant et la signant de son univers quotidien.
La peau des icônes historiques et religieuses est apprivoisée en pages vierges sur laquelle il grave son intimité comme autant de souvenirs. Ces traces-confidences libèrent l’Histoire en lui inspirant un nouveau souffle.
Les cicatrices colonisent le territoire du passé et le réinvente, il devient alors le support d’une écriture personnelle riche de références.
Imaginaire nourri de rencontres improbables entre sacré et profane, personnel et collectif il superpose le passé au présent dessinant ainsi la notion de cycle.
Inspiré d’une chanson d’Iggy Pop, Search & Destroy, le titre de la deuxième exposition personnelle de Léo Dorfner à la galerie ALB fait également référence à une stratégie militaire utilisée pendant la guerre du Viêt Nam qui consistait à envoyer quelques soldats au-delà du front pour aller “chercher et détruire.”
Si “l’exposition a été annoncée comme très littérale avec un propos lié à la guerre“, elle est toutefois dominée par les obsessions de l’artiste et teintée de la théorie du survivalisme. “Chercher” et “détruire”, deux verbes très liés dans l’histoire de l’humanité, renvoient aussi au renouvellement nécessaire dans la pratique d’un artiste.
Que se passerait-il si une bombe explosait sur Terre en détruisant tout sur son passage ? Tout, hormis les humains qui se retrouveraient face à une reconstruction abyssale : il faudrait tout recréer de A jusqu’à Z. De la pioche jusqu’au Smartphone, par quoi commencer ? Quelles sont les priorités ? Que voudrait-on retrouver ? A quoi devrions-nous renoncer ? Quelles sont les étapes ? Comment reconstruit-on une société à partir du néant ? Ce sont les questions qui traversent la nouvelle exposition personnelle de Léo Dorfner. CHERCHER / DÉTRUIRE.
L’exposition de Léo Dorfner à la Galerie ALB s’ouvre sur un ensemble de portraits. Ce sont de jeunes hommes et de jeunes femmes, en cadrage américain et sur fond blanc ; tous beaux, nonchalants, posant pour l’artiste comme s’ils tendaient le profil au sergent chargé d’immortaliser le jour de leur conscription. Pas un n’offre la pupille de son attention aux visiteurs. La concentration est à son comble ; vêtus d’aucun uniforme, cette phalange aquarellée, armée qui d’une hache, qui d’une scie, porte son regard droit au-dessus de l’horizon.
L’œuvre de Léo Dorfner ouvre une infinité de portes sur un univers quotidien d’où il puise ses références, ses figures, ses mots et ses sons. On y trouve des paquets de Gitanes, des peaux tatouées, du texte, du rock, des femmes, son quartier (le XIIIe arrondissement) et ses amis. Un microcosme, le sien, qu’il restitue par la photographie, qu’il transpose sur le papier, au pinceau ou au stylo, et qu’il grave sur des objets.
If I thought about Léo Dorfner (in some attempt to define his work), I would come with two pictures: drawing and Gitanes cigarettes. Speaking of cigarettes, he keeps his packs and draws some of his favorite albums artwork on it. It ranges from Queens Of The Stone Age to Elvis Presley, including Serge Gainsbourg and David Bowie among many others.
He is working with digital photography, Polaroid, drawing and watercolor painting. He usually takes pictures first and works from them. Watercolor painting has an immediate effect: no remorse is allowed. He is also the man behind Branded magazine.
Des dizaines de paquets de gitanes, parties en fumée, sont les supports de reproductions plus ou moins fidèles de pochettes de disques cultes de l’histoire des musiques rock, pop et électro, indifféremment mainstream ou alternatives.
Un bistrot parisien sous le ciel capricieux d’un été qui se refuse, un jeune homme élégant et discret fait son apparition, puis prend place dans un fauteuil de cuir rouge. Les yeux clairs, francs, dépourvus d’arrogance, Léo Dorfner, peintre, photographe et écrivain parle de son œuvre avec conviction et simplicité. Diplômé de la prestigieuse école des Beaux arts de Paris, ancien disciple du peintre Djamel Tatah, il refuse les discours trop conceptuels des herméneutes du monde de l’art contemporain et privilégie une approche plus sensible et sensuelle de son œuvre.