PAN
catalogue d’exposition, sous la direction de Sophie Vantieghem et Corinna Weiss, Centre d’art Contemporain QUARTIER GÉNÉRAL, La Chaux-de-Fonds, Suisse, du 20.08 au 27.11.2016. 

Originaire de Paris, Léo Dorfner a fait ses études à l'École Nationale Supérieure des beaux-arts de Paris. Aquarelliste virtuose, il ne se restreint pas pour autant à un seul médium. Il développe d’autres techniques telles que le dessin, la sculpture ou la photographie et partage son temps entre création personnelle et direction artistique du magazine en ligne Branded.

Aussi bien inspiré par la culture populaire que par la culture savante, le spectre de ses sources iconographiques s’étend de l’art religieux à la mythologie en passant par les cartoons et le cinéma d’auteur. L’artiste voue par ailleurs un véritable culte à l’esthétique rock, influence qui transparait dans l’ensemble de ses travaux. Porté par des préoccupations formelles, Léo Dorfner choisit d’abord ses sujets pour leur esthétisme et renvoie au spectateur un message qui se veut clair et direct, s’éloignant de la tendance à la conceptualisation extrême de l’art contemporain. Sensible au graphisme des produits de son quotidien — Gitanes, PSG, Tsingtao, Pizza Hut — l’ensemble de son œuvre est parsemé de logos et de slogans publicitaires qui, tels des leitmotivs, s’apparentent aux icônes d’un culte contemporain. Internet constitue également un immense terrain de jeu où il puise son inspiration. Son processus créatif est alimenté par ce flux immédiat et constant d’images qu’il peut détourner, recycler, taguer et réinterpréter à l’infini. C’est d’ailleurs sur le web que l’artiste a déniché les trois gravures reprenant la figure de Pan et de la nymphe Syrinx, présentées dans l’exposition. Rebelle, Léo Dorfner a recouvert leur peau de tatouages à l’encre bleue altérant à jamais ces estampes originales. Sacrilège diront certains, gribouillis potaches diront d’autres ! L’artiste ne craint certainement pas le mélange de genres, ni la collision des époques. Il associe références personnelles et populaires, l’humour à l’absurde, inscriptions crues et poétiques. Têtes de mort, pintes de bières, ex-voto, révolvers... Les déités grecques se trouvent ainsi travesties par ces traces indélébiles délicatement griffonnées au stylo cobalt. Entre provocation iconoclaste et métamorphose d’identité, Léo Dorfner reprend les codes de sa génération et les superpose aux corps lisses des divinités d’un autre temps, les renvoyant à une condition irrémédiablement terrestre et contemporaine.

Charlotte Hillion 
Historienne de l’art
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